La grave crise sociopolitique qu'a connue la Côte d'Ivoire en
septembre 2002 a déchaîné des passions politiques. Immigration,
étranger, ethnonationalisme, nationalisme, patriotisme, guerre civile,
jeunesse à risque. Voilà le corpus du vocabulaire à partir duquel est
restitué ce qui arrive à la Côte d'Ivoire. Les efforts d'explication
de la « crise » que traverse ce pays présenté dans un passé récent
comme étant « relativement paisible » se déclinent surtout sur le
registre de la surprise, rendant une fois encore compte du contrôle
presque absolu des médias sur l'événementiel, avec finalement le
risque de ne penser l'événement rien qu'à partir des canevas
médiatiquement corrects. Les contributions qui composent cet ouvrage
tentent justement de dépouiller les mots simples de leur excessive
simplification pour aider à la compréhension des maux sociaux et
politiques, voire du sens de l'histoire. Cet ouvrage se veut avant
tout un regard de l'intérieur. Le défi ici est, avec le recul
nécessaire, de déconnecter le réel de l'idée de surprise qui empêche
une plongée dans l'analyse en profondeur de réalités qui ne sont que
les résultats d'un processus historique sur une durée relativement
longue. Au coeur de ce processus se trouve le paradoxe d'une
réinvention de soi dans la violence mais au nom de la démocratie. La
crise postélectorale de 2010 et l'intensité de la violence qui la
ponctue démontrent encore une fois tout l'intérêt de la thèse du
paradoxe démocratie-violence et du présent exercice de son
objectivation.