La négritude : mythe ou réalité? mystification ou démythification?
doctrine ou idéologie? essentielle ou conjoncturelle? politique ou
culturelle?, etc. Questions légitimes, hésitations fondées. Pour y
voir clair, il faut rappeler que la négritude est d'abord un mot, un
nom de la langue française, jeté par un poète dans un poème : « Haïti
où la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu'elle
croyait à son humanité », repris par un autre poète : « Nuit qui fonds
toutes mes contradictions, toutes contradictions dans l'unité première
de ta négritude. » La négritude fonde une poésie autant que la poésie
la fonde. C'est en tant que mouvement et doctrine poétiques ou, plus
largement, culturels que la négritude est étudiée dans cet ouvrage. «
L'ensemble passionnera les élites francophones d'Afrique noire même si
elles ne sont pas toujours d'accord avec l'auteur », écrit Senghor,
qui pense que ce livre « aidera les nègres à mieux se connaître pour
mieux accomplir le Nègre nouveau ». L'auteur, pour sa part, souligne
que la négritude, contrairement aux vues de Sartre, n'est pas une
histoire de Noirs mais une histoire de Noirs et de Blancs : elle
s'inscrit et fonctionne dans un monde en noir et blanc.